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La civilisation indienne a contribué au progrès de l’humanité. Elle a certes atteint un niveau scientifique extraordinaire mais elle a été le théâtre d’un déclin et où la dignité humaine n’a jamais été aussi bafouée dans l’histoire
La civilisation indienne a contribué au progrès de l’humanité. Elle a certes atteint un niveau scientifique extraordinaire mais elle a été le théâtre d’un déclin et où la dignité humaine n’a jamais été aussi bafouée dans l’histoire.
La civilisation de l’Inde classique s’est développée à partir du troisième millénaire avant J.-C. et a joué un rôle important dans le progrès de l’humanité. Ce sont essentiellement les Indiens qui sont à l’origine des neuf chiffres, et ils étaient très versés en trigonométrie ; ils ont eu recours à la moitié de la corde pour établir la table des sinus et des cosinus. Ils connaissaient également la médecine, les mathématiques et l’astronomie.[1]
Malgré les réalisations prestigieuses de la civilisation indienne, elle commença à décliner rapidement vers le sixième siècle apr. J.-C. Elle connut une période de décadence en particulier sur le plan religieux, moral et social : ceci était dû à divers facteurs.
L’éminent savant indien Abû al-Hasan an-Nadwî[2] décrit ainsi la civilisation de l’Inde au sixième siècle : « Les auteurs ayant étudié l’histoire de l’Inde s’accordent à dire que l’époque qui commence avec le début du sixième siècle vit la fin de son rôle religieux, moral et social. » Après avoir décrit les croyances polythéistes des hindous, an-Nadwî ajoute : « C’est en Inde que le système des castes est apparu sous sa forme la plus odieuse. Jamais l’histoire humaine n’a connu de système de classes aussi dur, où les séparations entre les classes étaient aussi rigides, et où la dignité humaine était aussi bafouée. » Au troisième siècle avant J.-C. la civilisation brahmanique était florissante en Inde et la société s’organisa selon les prescriptions du Manusmrti ou « loi de Manu » qui devint le code juridique officiel régissant la vie sociale et politique du pays en même temps que sa référence religieuse. Ce code religieux divise la population en quatre castes :
– les brahmanes, la caste des prêtres et des religieux ;
– les guerriers (kshatriya) ;
– les vaisiya, paysans ou commerçants ;
– enfin les sudra, la caste des serviteurs et des esclaves.
Cette loi accordait aux brahmanes des privilèges et des droits les assimilant à des dieux. Les brahmanes, nous dit an-Nadwî, étaient l’élite divine et les rois des créatures. Le monde entier leur appartenait. Ils étaient les meilleures des créatures, les seigneurs de la terre, et ils pouvaient disposer comme ils le souhaitaient des biens de leurs serviteurs les sudra : en effet un esclave ne possédait rien, tous ses biens appartenaient à son maître.
Ce code juridico-religieux plaçait les membres de la catégorie inférieure, les intouchables, plus bas que les animaux : ils étaient plus méprisés que les chiens et l’expiation pour avoir tué un chien, un chat, une grenouille, un lézard, un corbeau ou une chouette était la même que pour avoir tué un intouchable.[3]
Dans la société de l’Inde classique, la femme était traitée comme une esclave : un homme pouvait perdre sa femme au jeu, et il arrivait parfois qu’une femme ait plusieurs époux. Lorsque son mari mourait, la femme était comme enterrée vivante : elle ne pouvait pas se remarier, elle était méprisée et humiliée ; elle était l’esclave de la maison de son défunt mari et servait sa belle-famille. Elle se faisait parfois brûler sur le bûcher funéraire de son époux plutôt que de subir le triste sort qui l’attendait dans cette vie.[4]
Telle était la situation de la civilisation indienne préislamique. L’ignorance et l’idolâtrie y régnaient, et la société était marquée par une injustice jamais égalée dans l’histoire. Al-Bîrûnî[5] décrivait et critiquait déjà sévèrement cette société dans son ouvrage sur l’Inde intitulé Tahqîq mâ lil-hind min maqûla maqbûla fîl-`aql aw mardhûla (Etude des idées de l’Inde, qu’elles soient conformes à la raison ou rejetées par celle-ci).
[1] Voir Will Durant, The Story of Civilization 3/238.
[2] Abû al-Hasan an-Nadwî, `Alî ibn `Abd al-Hayy ibn Fakhr ad-Dîn al-Hasanî (1914-1999) était un savant religieux, prédicateur, militant et érudit prestigieux. Il naquit dans le village de Takia en Inde, où il mourut également. L’un de ses plus célèbres ouvrages est Ce que le monde a perdu avec le déclin des musulmans.
[3] Voir Will Durant, The Story of Civilization, 3/164-168.
[4] Voir Abû al-Hasan an-Nadwî, Ce que le monde a perdu avec le déclin des musulmans, pp. 68-76.
[5] Abû ar-Rayhân Muhammad ibn Ahmad al-Bîrûnî al-Khawârizmî (262-440H/973-7047), philosophe, mathématicien et historien, originaire de Khawârizm, éminent savant apprécié des souverains de son époque ; voir as-Suyûtî, Baghiyat al-wi`ât 1/50-51, et az-Zarkalî, al-A`lâm 5/314.
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